insightProject bientôt de retour en ligne

 
 

Biosphere en concert à la Géode (21 000watts!!)

le vendredi 25 Janvier 2008

 
 
 
 

myspace.com/insightprojectonline

 
 

 
     
 

Biosphere - Cirque: The Drama of Discovery

BIOSPHERE / QUELQUES CLES

La Découverte
«Je travaille lentement», dit Geir Jenssen en 1994, à propos du laps de temps (3 ans) séparant ses deux premières oeuvres sous le nom le Biosphère. En Norvège du Nord, des nuits longues de six mois ainsi que des températures propices à l’hibernation sembleraient expliquer cette quasi-confession.
Comme si prendre son temps était dangereusement démodé, comme si la lenteur dans le processus de création menait irrémédiablement au suicide artistique.

Tout au contraire.

Premier indice : le nom.
En 1990, ayant pris connaissance du Projet de Station spatiale Biosphère 2, un gigantesque dôme de verre scellé dans le Désert d’Arizona, Geir décide d’ adopter ce nom comme pseudonyme.
Le son. Le sens. Un son qui décrit ce que le mot signifie.

Le Projet de Station spatiale Biosphère 2 a été conçu pour évaluer les possibilités de construire des colonies spatiales auto-suffisantes et a accueilli des familles entières vivant dans un environnement complètement isolé pendant des années.

De même, le projet Biosphère de Geir Jenssen a su créer un univers sonique en développement autonome. Une fois à l’intérieur, nous expérimentons le monde extérieur au travers d’une fenêtre sphérique.
Comme si nous regardions un film au cinéma, et que, malgré l’échelle monumentale, nous pensions faire partie du scénario.

Deuxième indice : la distance. (géographique)
Geir Jenssen a décidé de vivre sur son lieu de naissance, à Tromso, en Norvège, à 400 miles au nord du cercle polaire arctique.
Après s’être brièvement installé à Bruxelles puis Oslo, il a définitivement opté pour un retrait stratégique, dans le désintérêt total de la frénésie due à trop d’offres culturelles.
Que se passe t il exactement à Tromso ?

Et pourquoi Biosphère résonne-t-il si fort dans les i-pod aux heures de pointe, dans toutes les métropoles du Monde Occidental ? Parce qu’il réussit, avec une précision chirurgicale, à extraire le temps de l’urgence, parce qu’il ouvre des espaces immenses au beau milieu de la claustrophobie urbaine.

Le point de vue de l’astronaute qui, du fin fond du Cosmos, contemple la Planète Terre et médite sur les milliards de vies ici-bas.
Quelqu’un a qualifié cela de «Son Arctique».
Peut-être.

Troisième indice : la distance (parcours musical)
L’histoire musicale de Geir est progressive, elle est faite d’auto-distillation.
Le choix est fait de maximiser peu de ressources.

Bel Canto, le groupe de Geir dans les late 80’s, avait signé sur Crammed Discs à Bruxelles et, après deux albums, penchait vers une attitude plus commerciale. C’est à ce moment précis que Geir décide de les quitter pour entamer un projet solo.
Les raisons ? Un besoin croissant de se déplacer sur. Un besoin croissant de grandir.

Deux ans, quatre singles et un album suivirent sous le nom de «Bleep».
Les premiers symptômes de l’ AmbientTechno de Geir qui, jusqu’en en 1995, s’est étoffée jusqu’à devenir quasiment mainstream.
On en veut pour preuve l’utilisation de «Novelty Waves» (un morceau de «Patashnik», son deuxième album sous Biosphère) pour un spot Levi’s, qui s’est avérée être la fin de l’aventure techno pour Geir.

Plutôt que se complaire dans la répétition, nous le voyons alors se déplacer de nouveau, dans des territoires anonymes, inconnus.
On pourrait les nommer «Ambient Territories» pour leurs courants sous-jacents, profondément émotionnels.
Quelqu’un a dit «Moins est plus»...
Précisément.

Quatrième indice : interchangeable.
Geir dit que la musique qui l’excite échoue toujours à déclencher des visions dans son esprit. Et pourtant il n’y a pas de musique plus visuelle.

Des Soundtracks, oui. (Bandes Originales de films)
Biosphère a composé la bande originale d’ Insomnia et de l’Homme à la Caméra et a été par ailleurs largement commissionné .
Musique d’ambiance .... pas tout à fait.
C’est de la musique synaesthetique. Sculpture du son... de la musique comme un collage photo. Des échos comme autant de signaux d’alarme.
Des beats liquides, des samples / instantanés, de lointains discours à la signification incertaine.
Non, pas les gueule de bois des île Baléares. Non, pas même les nuits d’hiver profondément catatoniques de la Norvège. Quelque chose de plus profond, plus chaud, tellement plus humain, tellement plus viscéral.

Contemplation. Vous rappelez-vous ce mot ?
Essayez.

Cinquième indice : les cercles.
«Substrata», le Biosphère grand cru 1997, a frôlé l’impossible proximité de la perfection.
Cet album est abonné aux listes de «meilleur album Ambient de tous les temps», établissant ainsi un nouveau canon pour le classicisme contemporain.

Ce qui distingue ce nouveau classicisme, c’est son humilité : son statut n’étant jamais intentionnel, mais plutôt dû à un processus de viellissement, faisant ainsi référence aux meilleurs vins.
Le statut de «Substrata» comme nouvelle référence de l’Ambient Music découle du sentiment d’existentialisme monumental que procure cet album. A présent, on ne peut plus ignorer l’Ambient, ni daigner la juger «intéressante».

L’album «Cirque» a suivi en 2000 (3 ans plus tard...), un enregistrement sombre, saturé, oscillant tranquillement de l’étonnement vers le désespoir, inspiré qu’il était par l’histoire vraie d’un jeune explorateur Nord-américain qui réussit à vivre son besoin d’ascétisme, pour finalement disparaître de manière tragique dans les forêts denses d’Alaska.
La tension dramatique de «Cirque» est magistralement tissée d’enfermement, dexistentialiste, de dangerosité, de solitude.

Sixième indice : complexité.
Geir Jenssen se trouve à présent à un carrefour complexe et fascinant : l’héritage de l’Ambient Techno sur les épaules, un chef-d’œuvre d’Ambient Music sur les épaules - nous pouvons sentir la proximité d’un nouveau saut quantique dans des territoires inimaginables.

Et si ces territoires sans nom ne sont pas encore habitables, Biosphère ira les explorer pour nous et réactivera ses processus de découverte.
La palette de sons devient maintenant plus lente, plus abstraite, plus patiente, plus complexe.

Geir Jenssen s’est toujours avéré être un magistral sculpteur de son, mais, et c’est le plus important, il a toujours su sculpter le silence qui entoure le son.
Dans notre monde immergé dans l’excès, Biosphère devient la certitude d’une douceur qui frappe plus durement encore.
Biosphère vous a toujours fait prêter attention. Il exige maintenant de vous d’être être actif dans votre écoute.
Utilisez-le comme une graine.
Faites-le.

[Heitor Alvelos]